La sculpture en marbre orne la façade de la cathédrale de Lucques, consacrée à saint Martin. Elle représente une charité particulièrement christique. Le saint, les yeux perdus dans le vide est représenté en contemplation intérieure . Il ne semble accorder aucune attention au geste qu’il accomplit pour partager son manteau. L’épée figure au centre de l’image presque posée en signe d’adoubement sur l’épaule du pauvre . Une certaine maladresse est visible dans le cheval tres raide et statique dont la lourdeur contraste avec l’aspect juvénile et délié du saint comme du pauvre. Elle est la copie de la charité de saint Martin, qui se trouve à l’intérieur de la cathédrale, mais qui se trouvait auparavant à l’extérieur, à cet emplacement. Un tableau figurant la même scène se trouve dans la sacristie.
Le décor du XIIIè siècle, à l’intérieur du porche de la façade, est extrêmement riche et profondément lié à une forme d’actualisation de la vie de saint Martin, le saint patron de cette cathédrale. Certes plusieurs artistes sont intervenus dans un laps de temps difficile à évaluer mais il faut y reconnaître une grande unité d’inspiration. Le tympan du portail central représente l’Ascension au-dessus de la Pentecôte. De part et d’autre, entre le portail central et chaque portail latéral, sont représentés des scènes de la vie de saint Martin. Le tympan du portail de gauche représente la Déposition de Croix au-dessus de l’Annonciation, la Nativité et les Rois (ces trois éléments sont groupés en un seul cadre) ; entre ce portail de gauche et celui du centre, sont figurés la résurrection du catéchumène et la consécration épiscopale de Martin. Le tympan du portail de droite présente le martyre de Regulus au-dessus de Regulus face aux ariens. Entre ce portail de droite et celui du centre, on voit la messe du globe de feu sur la tête de Martin et saint Martin pratiquant un exorcisme. Observons que chaque scène est identifiée par une inscription latine :
pour le catéchumène : Martinus monachus defuntum vivere fecit. Martin moine fait revivre un défunt.
pour la consécration épiscopale : de monacho praesul es tu Martine vocatus. De l’état de moine tu es appelé, Martin, à être évêque.
pour le globe de feu : ignis adest capiti Martino sacra litanti. Le feu est présent sur sa tête quand Martin célèbre le sacrifice.
pour l’exorcisme : demone vexatum salvas Martine beate. Bienheureux Martin, tu sauves du démon un possédé.
Saint Regulus vénéré sur le portail de droite, peut être associé à Martin de plusieurs manières : c’était un saint évêque du VIè siècle, actif dans la région de Populonia (entre Grosseto et Pise), et faisant partie d’un cycle hagiographique avec saint Cerbonius, actif dans la même région et célébré par Grégoire le Grand dans les Dialogues. Regulus a dû affronter les Ostrogoths ariens de Totila jusqu’au martyre. Il redouble ainsi Martin qui, presque deux siècles auparavant, affrontait aussi les ariens et mena une carrière épiscopale. En outre, on doit faire le lien entre l’image du globe de feu sur la tête de Martin, et l’image de la décapitation de Regulus. Dans les deux cas, les deux saints se manifestent par leur tête.
The marble sculpture adorns the facade of Lucca Cathedral, dedicated to Saint Martin. It represents a particularly Christic charity. The saint, his eyes lost in the void, is represented in interior contemplation. He doesn’t seem to pay any attention to the gesture he makes to share his coat. The sword appears in the center of the image, almost posed as a sign of dubbing on the poor man’s shoulder. A certain clumsiness is visible in the very stiff and static horse, the heaviness of which contrasts with the youthful and untamed aspect of the saint as of the poor. It is a copy of the charity of Saint Martin, which is inside the cathedral, but which used to be outside, at this location. A painting of the same scene is in the sacristy. The interior decoration of the cathedral porches a frieze of four bas-reliefs depicting moments in the life of Saint Martin: The monk Martin raises a dead man (Martinus monach de funtum uivere fecit), the ordination of Saint Martin (De monacho presul es tu Martine uocatus), the miraculous mass of Saint Martin (Ignis adest capiti Martino sacra litanti), and a scene of an exorcism (Demone uexatum salutuas Martine beate).
Bibliographie : Ragghianti C. L., L’Arte in Italia, 1969, p. 280